Faire pression pour imposer
cessez-le-feu et négociations
L’urgence croît d’arrêter les combats, de mettre fin aux conflits, de faire pression sur les belligérants pour entamer des pourparlers sous la responsabilité des instances internationales. Plus durent les guerres, plus les conséquences pour les populations se font et se feront sentir.
Seules la diplomatie et la négociation politique permettront de créer les conditions d’une paix stable : aucune victoire militaire, fût-elle même possible, n’apportera de réponse durable. Encore faut-il des pressions de tous les États pour s’accorder sur les principes de droit qui seuls peuvent permettre d’aboutir à une paix juste et viable.
Imposer la suspension des hostilités
La première étape est d’obtenir un cessez-le-feu pour épargner les populations et permettre l’aide humanitaire sous l’égide des instances internationales. Cela suppose, pour reconstruire la paix, que les États agissent ensemble pour faire pression sur les belligérants, que s’imposent, pour les peuples et leurs dirigeants, le respect des droits humains selon les règles votées à l’ONU. C’est une première étape immédiate préalable aux possibilités de résoudre les conflits. Ensuite, pour en sortir durablement, il sera nécessaire d’en traiter les racines, dans une démarche stratégique de projet global pour l’avenir. Les réponses ne peuvent venir de ceux qui s’expriment en termes de violence et de guerre. La paix est affaire de valeurs et découle de la responsabilité des acteurs, gouvernants et population.
En ce début d’année 2024, le tableau est sombre quant à l’évolution les deux plus importants conflits qui affectent la planète. La guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine a entamé sa troisième année et au Proche-Orient, Israël poursuit sans relâche la destruction de la bande de Gaza en représailles aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023. Et le conflit s’étend, touche les pays voisins. Dans les deux cas, les populations civiles subissent lourdement les conséquences de conflits armés qui provoquent des milliers de morts, de blessés et des destructions considérables de territoires où la vie est devenue impossible.
Le conflit ukrainien
Deux ans après l’invasion de l’Ukraine à grande échelle par les troupes russes, le conflit a déjà occasionné 152 milliards de dollars de dommages directs aux bâtiments et aux infrastructures du pays, ont indiqué récemment dans un communiqué de presse conjoint les Nations Unies, le Groupe de la Banque mondiale, la Commission européenne et le gouvernement ukrainien. Des millions de personnes ont été déplacées, des milliers ont perdu leur maison et des centaines d’établissements médicaux et éducatifs ont été endommagés ou détruits, ce qui a des conséquences considérables sur les droits des personnes à la santé et à l’éducation. « L’impact à long terme de cette guerre en Ukraine se fera sentir pendant des générations », a affirmé le chef des droits de l’homme.
Gaza et le peuple palestinien
« Rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien », affirme A. Gutteres. Déplacement de toute une population en situation de famine, privée de soins, d’abris (près de 1,5 million de Palestiniens, en grande majorité déplacés dans des conditions extrêmement précaires à Rafah), morts de civils et blessés dont beaucoup de femmes et d’enfants, destruction des infrastructures et logements, situation alarmante pour les enfants victimes tués, blessés ou vivant sous la menace et la peur constantes : les souffrances et le désespoir de la population de Gaza s’accroissent. La situation est dramatique aussi en Cisjordanie: une escalade alarmante de la violence des colons israéliens a entraîné des attaques faisant morts et blessés, des destructions, et le déplacement forcé d’un nombre de plus en plus grand de Palestiniens.
Les crises à Gaza et en Ukraine sont à l’ordre du jour du Conseil des Droits de l’Homme et de la Cour internationale de justice. Mais d’autres conflits retiennent aussi l’attention : il y a, entre autres, le Soudan déchiré par près d’un an de guerre entre généraux rivaux qui a fait des milliers de morts, huit millions de déplacés et a plongé le Soudan dans « l’une des pires situations nutritionnelles au monde ». Et aussi la République démocratique du Congo (RDC), l’une des plus graves crises humanitaires et de déplacements internes au monde, l’une des plus anciennes aussi. Sans oublier Haïti, la Syrie, l’Afghanistan, l’Iran, Myanmar…
Les défis de la paix
De nombreuses questions se posent pour faire cesser les attaques et restaurer le droit international, le droit humanitaire et garantir le respect des droits humains.
– Quelles pressions exercer, pour qu’ils acceptent d’arrêter les combats et d’entamer de véritables négociations, sur des dirigeants qui disposent des armes, de la puissance financière, de l’appui prétendument démocratique de la population et de soutiens à l’international?
– Quelles garanties pour entamer des négociations ? Poutine, Netanyahou restent comptables de tant de destructions, de crimes de guerre, pour Israël de risque de génocide.
– Comment faire entendre la voix de l’ONU alors que des États, Russie, États Unis en particulier, s’opposent à des résolutions du Conseil de sécurité? L’Organisation des Nations Unies (ONU) a été fondée en 1945 après la Seconde Guerre mondiale dans le but de préserver la paix et la sécurité internationales. Cet objectif, intégré dans la Charte, reste aujourd’hui encore au cœur du travail des Nations Unies mais l’ONU ne peut agir qu’avec le consentement des parties, selon ses principes.
– Quels intermédiaires, quels diplomates reconnus des différentes parties peuvent conduire les deux camps à dialoguer ?
– Sur quelles bases : repartir des accords antérieurs qui instituaient des frontières, des territoires et définissaient des États, travailler avec l’ensemble des nations pour construire une issue diplomatique, juste, garantissant sur le long terme une sécurité commune et durable aux États, dans le respect du droit international et conformément à la Charte des Nations Unies.
Les enjeux du désarmement
Les événements tragiques en Ukraine, à Gaza et au-delà, rappellent que la paix et la sécurité internationales ne peuvent être pleinement assurées sans parvenir au désarmement nucléaire ni sans réduire les dépenses militaires au profit du développement durable. Or les réalités des dépenses militaires mondiales témoignent que la guerre, parfois sous prétexte de la prévenir ou de contribuer à la faire cesser, est au cœur de la politique des gouvernants.
En 2023/2024, le budget des armées progresse au niveau mondial, la demande en armes et équipements militaires a fortement augmenté. Les États Unis ont le plus augmenté leurs exportations. Les États européens ont presque doublé en 15 ans leurs importations d’armes majeures. L’Asie, l’Océanie et le Moyen-Orient comptent neuf des dix plus grands importateurs d’armes (Inde, Pakistan, Japon, Arabie saoudite, Qatar, Égypte…). Et les armes achetées sont utilisées dans les conflits de ces régions, d’où la responsabilité des pays vendeurs. La France, longtemps troisième exportateur mondial d’armes majeures, surtout des avions de combat, passe en deuxième position, les exportations de la Russie ont chuté. Et elle a programmé un budget militaire de 413 milliards d’euros sur six ans.
Les forces pacifistes dénoncent une conception de la paix basée sur l’hégémonie ou l’équilibre des forces, guerrière dans son principe. La paix doit être une paix démocratique, soutenue par les organisations internationales de l’ONU, fondée sur les principes de paix, garantie par des États de droit, la liberté des personnes, le respect des droits et de l’identité de chacun.
Michèle Olivain
La vie militante ne s’arrête pas à la retraite ! Au contraire, les retraités du SNES-FSU participent activement aux mobilisations en cours (protection sociale, dépendance etc) et apportent leurs analyses à des dossiers intergénérationnels.
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