À POURSUIVRE ET INTENSIFIER

Les retraité·es se sont mobilisé·es partout en France le 20 mars sur la santé, l’accès aux soins, à l’autonomie et pour la reconquête de la Sécurité sociale. Les modalités choisies étaient des manifestations ou des rassemblements en région en direction des ARS (Agences régionales de santé) avec demandes d’audience. Des initiatives locales se sont ajoutées à l’appel national (devant un hôpital, un centre de santé, le centre de Sécu, etc.).
Malgré des difficultés qui ont marqué « la mise en musique » de cette action nationale par le G8 (retrait de FO) et qui se sont répercutées souvent au niveau des équipes locales, cette journée a permis de mettre en lumière nos exigences. Ont été recensées sur le territoire 9 initiatives en région, 3 regroupant 2 départements, 16 en départements et 8 départements sans initiative connue à ce jour de bilan. Le gros des cortèges a été fourni par la CGT, des retraité·es mais aussi des actifs et actives de la culture et parfois des personnels de la santé. A Paris, Denis Gravouil, du bureau confédéral de la CGT, et Murielle Guilbert, de Solidaires, ont fait le lien avec le conclave retraites et réaffirmé la position commune : l’abrogation de la réforme des retraites, adoptée sans vote.
Quasiment partout le nombre de manifestant·es dans les rangs de la FSU a été modeste. Les médias nationaux ont été largement silencieux ou au mieux lapidaires sur cette journée mais elle a été bien couverte par la presse quotidienne régionale et locale.
Pour le droit à la santé et l’accès aux soins pour toutes et tous
Partout en France des délégations unitaires, notamment auprès des Agences Régionales de Santé, ont permis de rappeler aussi la situation des retraité·es face à des réalités locales dominées par l’insuffisance des généralistes et spécialistes, la fermeture d’hôpitaux et de services d’urgence notamment, un système de prise en charge de l’autonomie au bord de la catastrophe…
La santé coûte cher notamment pour les retraité·es, personnes plus fragiles, dont le niveau de vie régresse régulièrement. La préoccupation du pouvoir d’achat est grande : depuis que les mutuelles sont devenues des assurances comme les autres, leurs tarifs varient en fonction de l’âge et augmentent constamment (8 à 10 % en 2025). Les plus âgé·es paient donc le prix fort, sans une couverture toujours à la hauteur… Alors certain·es renoncent à une complémentaire santé, pourtant indispensable.
Aussi, le slogan « « De l’argent pour nos pensions, pas pour les canons » est-il scandé régulièrement avec force. Car la colère s’exprime vivement face au discours officiel et trop souvent médiatique : « retraité·e privilégié·e » ! Et chacun·e d’expliquer que le revenu moyen d’un ou une retraité·e est de 1500 euros, que 60 % des retraité·es vivent en dessous du niveau du SMIC et que 2 millions vivent sous le seuil de pauvreté. À peine 1 % d’entre eux touchent plus de 5 000 euros mensuels et 8 % plus de 3 000 euros. Et les retraité·es sont à nouveau les cibles privilégié·es pour réduire l’endettement (suppression des 10%, augmentation de la CSG, menaces sur la pension de réversion, etc…)
Audiences : quels engagements ?
A Paris, le Groupe de 9 (sans FO) a été longuement reçu au Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles par Stéphanie Fazi-Leblanc, conseillère de Yannick Neuder, et Marine Pardessus, conseillère de Catherine Vautrin. Les 8 représentant·es du G9 ont abordé des sujets multiples : inégalités territoriales dans l’accès aux soins, restes à charge lourds, financements des soins, dépassements d’honoraires et renoncements à se soigner, discriminations liées à l’âge aux urgences, pour la prévention (barrière d’âge après 74 ans), nécessité d’augmenter le nombre de lits dans les hôpitaux publics et particulièrement en gériatrie, Aide médicale de l’État (AME), etc.
Les audiences en région ont suscité les mêmes questions et si l’écoute a été bonne, les constats partagés, les réponses se heurtent toujours « aux impératifs » et « contraintes budgétaires ». C’est le discours des deux cabinets : « Les deux ministres se sont battus pour maintenir au maximum leur budget dans un contexte économique difficile ». Et les interlocutrices du ministère ont rappelé les « avancées » (augmentation de l’Objectif national des dépenses d’Assurance maladie – ONDAM – , pas de réforme du ticket modérateur) et présenté les priorités de 2025 : soins palliatifs et santé mentale.
Sur d’autres questions : pour répondre à la pénurie de médecins, volonté de recruter et de mieux former mais problème avec la liberté d’installation des médecins, volonté d’alléger leurs tâches grâce aux pharmaciens et aux infirmières de pratique avancée (loi en discussion au Parlement), répondre à l’engorgement des urgences par les SAS, soutenir les structures de soins dans certains territoires isolés (ex : petits laboratoires d’analyses). Pas de remise en cause de l’AME aujourd’hui mais des questionnements. L’attractivité des métiers du médico-social est un axe fondamental.
Paroles, paroles, mais quel engagement financier et politique ?
Le 20 mars n’a pas pu créer un rapport de forces suffisant mais, dans un contexte difficile, il a posé des jalons pour l’avenir. Les militant·es ont eu à cœur de préserver l’unité malgré des tensions çà et là. Tel est le bilan de cette action, fait en G9 le 8 avril. Il faut poursuivre dans la perspective d’un travail plus unitaire, plus massif qui associe actives-actifs et retraité·es sur des enjeux essentiels pour l’ensemble de la population.
Marie-Laurence Moros et Marylène Cahouet
La vie militante ne s’arrête pas à la retraite ! Au contraire, les retraités du SNES-FSU participent activement aux mobilisations en cours (protection sociale, dépendance etc) et apportent leurs analyses à des dossiers intergénérationnels.
Contact enretraite@snes.edu