Les partenaires sociaux y ont-ils vraiment cru alors que leurs positions paraissent si inconciliables ? Et Monsieur Bayrou lui-même, lors de sa déclaration de politique générale, en chargeant les partenaires sociaux de trouver un « accord » dans les trois mois n’avait-il pas plutôt le souci d’éviter la censure des socialistes que d’aboutir à une réforme « socialement plus juste » mais « équilibrée » ? Le temps ne fut pas long pour avoir des réponses !

Dès le début, tous les partenaires sociaux n’étaient pas conviés, il en fut ainsi pour la FSU et Solidaires et, à peine mis en place pour sa première réunion le 27 février dernier, FO quittait le cénacle, dénonçant la lettre reçue la veille de François Bayrou où ce dernier demandait aux négociateurs de ne pas « dégrader » l’équilibre financier du système.

Emmanuel Macron laissait entendre qu’un nouvel effort budgétaire « avec des réformes, des choix, du courage » serait nécessaire compte tenu du contexte international.

Gilbert Cette, le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), sans vergogne, estimait que l’augmentation des dépenses militaires « rendra secondaires, sinon dérisoires, les débats actuels sur l’âge légal à 64 ans » et que « la question serait comment augmenter rapidement l’âge au-delà des 64 ans ».

L’ex-Premier ministre Édouard Philippe quant à lui jugeait, tout aussi provocateur, ce conclave « complètement hors sol » : »Compte tenu des menaces, on ferait bien de réunir les forces sociales et politiques, non pas pour leur demander s’il faut revenir sur une réforme déjà votée, mais pour se demander comment s’adapter à un effort à venir considérable, presque existentiel » Les déclarations des uns et des autres allaient « tuer » ce conclave ; le mot lui aussi perdant tant de son sens qu’on le remplaça et ce fut « une délégation paritaire permanente à 3 niveaux de discussion ».

Au total, un fiasco après le départ de Force ouvrière, de l’organisation patronale des entreprises de proximité (U2P), puis de la CGT – et la suite ne s’annonce pas brillante : la question de la fin anticipée des négociations se pose et avec quels résultats au bout, fin mai, si cela se poursuit ? La CFTC reverra à la mi-avril sa participation si le patronat n’évolue pas, le Medef semble réservé, la CG-PME trouve « que les travaux sont sans arrêt pollués par le débat politique », seules CFDT et CFE-CGE aimeraient aborder d’autres points (pénibilité, emploi des seniors, égalité salariale…) et continuer « seulement entre partenaires sociaux ». De la montagne « conclave », on risque donc de voir émerger une toute petite souris et d’une promesse ambitieuse, un cuisant échec ! Pour la FSU, ce débat sur les retraites concerne l’ensemble de la société et il n’est donc pas acceptable que les fédérations de fonctionnaires soient exclues des discussions. Seul un rapport de force conséquent pourra changer les choses pour ne pas laisser les milieux libéraux imposer, encore, sous prétexte de « danger international » les pires reculs sociaux.

Patrick Laîné

RETOUR AU SOMMAIRE

Bienvenue sur le blog des retraité.es du SNES-FSU.

La vie militante ne s’arrête pas à la retraite ! Au contraire, les retraités du SNES-FSU participent activement aux mobilisations en cours (protection sociale, dépendance etc) et apportent leurs analyses à des dossiers intergénérationnels.

Contact enretraite@snes.edu