I Constats
Des différences de rémunération aux différences de pension
Les fonctionnaires femmes perçoivent un salaire moyen inférieure de 12% à celui des hommes : les différences s’accentuent en fin de carrière et dans les postes de catégories supérieures..
La pension directe de droit privé liée uniquement à l’activité salariée pour les fonctionnaires femmes est de 1972€ brut en moyenne contre 2357€ pour les fonctionnaires hommes. Dans l’ensemble des régimes, la pension de droit direct est inférieure de 40% en moyenne à celle des hommes. Leur pension globale (avec avantages accessoires, pension de réversion, minimum vieillesse) est inférieure de 26%.
Une situation d’inégalité professionnelle tout au long de la vie mais qui n’explique pas tout.
Revenus plus faibles carrières plus courtes: activité professionnelle moins bien rémunérée, temps de travail, filières féminines, plafond de verre et même cage de verre, précarité
II Le protocole égalité professionnelle signé par les 0S et toutes les autres organisations syndicales de la FP part du constat de ces inégalités tout au long de la vie et a pour objectif, entre autres, de réduire les écarts de rémunération qui à terme se répercutent sur les retraites.
La ministre a refusé que soient intégrés dans ce protocole la retraite et la pénibilité ; deux dossiers qui concernent particulièrement les femmes. Le 1er sujet a été traité sans concertation dans la loi de 2014 dont plusieurs mesures auront pour effet de pénaliser plus les femmes (allongement de la durée d’assurance par exemple), le second sujet fait l’objet de nouvelles rencontres à la FP (en réalité, le compte pénibilité a du mal à se mettre en place dans le privé ; et pour l’instant, avec la suppression de certaines catégories actives (instits, infirmier-es) ça ne va pas dans le bon sens dans la FP). Les conditions de travail se dégradent, l’âge de départ à la retraite recule et il n’y a aucune possibilité d’aménagement de fin de carrière.
Comment imaginer des enseignants avec élèves à 67 ans ? Il y a besoin de raccourcir les carrières, ou de donner une formation pour une reconversion possible ou faciliter la mobilité professionnelle vers d’autres métiers.(compte pénibilité du privé mais qui a bien du mal à fonctionner, frein du MEDEF)
III Les réformes amplifient les écarts
Depuis 12 ans dans la FP, 22 ans dans le secteur privé, les réformes se sont multipliées et ont des effets importants sur le montant des pensions : allongement des carrières, création de la décote, recul de l’âge de départ à la retraite, suppression de la bonification pour enfant, indexation sur les prix et non sur les salaires avec pour seul objectif « baisser les pensions et travailler plus longtemps ».
Malgré l’assommoir médiatique pour nous convaincre que toutes ces réformes sont justes et permettent de sauver le système de retraite, l’inquiétude subsiste et est entrenue par les différents gouvernements. De nouvelles annonces médiatiques viennent rappeler régulièrement que le système est fragile, que l’espérance de vie s’allonge et qu’inévitablement, il faudra réduire le montant des pensions et travailler plus longtemps
IV Menaces sur les droits familiaux et sur les pensions de réversion ?
Aujourd’hui, les femmes travaillent plus longtemps, partent plus tard pour des pensions qui restent largement plus faibles (même si le taux et la durée d’activité augmentent, le poids des pensions de réversion est plus importante pour les générations plus anciennes (qui ont moins travaillé que les nouvelles générations). Mais la société évolue (aujourd’hui 6 femmes sur 10 ont droit à une pension de réversion, demain, ce ne sera plus que 4).
Un système de droits familiaux et conjugaux tend à compenser les pensions mais de façon insuffisante et aujourd’hui, il risque d’être remis en cause. C’est toujours elles qui assurent principalement les tâches ménagères, l’éducation des enfants, et qui prennent le congé parental, le temps partiel.
– Avant bonification de 4 trimestres ds le public, 8 trimestres dans le privé pour les enfants nés avant 2004 sous réserve d’interruption d’activité (depuis 2004, système beaucoup plus désavantageux pour le plus grand nombre, secteur privé épargné partiellement pour l’instant…)
– Dispositif pour mère de familles de 3 enfants en extinction depuis 2010
– Majoration de pension pour famille nombreuse (ds le public 10% +5% par enfant soit plus que dans le régime général ou les autres régimes)
Un système de minimum de pension existe également dans le public : minimum contributif (avec des conditions de plus en plus restrictives)
La majoration pour famille nombreuse est aujourd’hui sur la table, première attaque par leur fiscalisation (rapport Fragonard suite de la réforme 2014) : il est question de forfaitiser. Pour la FSU, la réforme ne doit pas se faire par le bas même si une compensation est trouvée pour les parents de 1 ou 2 enfants.
Pour s’occuper du conjoint, d’un parent ou d’un enfant malade, handicapé… là aussi, le plus souvent c’est la femme qui réduit son activité ou qui interrompt sa carrière…
Les pensions de réversion sont elles aussi pointées du doigt et des propositions de réduction, voire de suppression émergent peu à peu.
Ce sont de nouvelles réformes qui risquent de s’annoncer et pour lesquelles il faudra se mobiliser pour ne pas subir de nouvelles régressions.
V Ce que porte la FSU
Faire autrement
Nouvelles régressions : recul de l’âge limite (67 ans) allongement de la durée de cotisation, bouleversement des fins de carrière pour les fonctionnaires, menaces sur le calcul de la base des 6 derniers mois
Pour la FSU et on continue de le porter, il est possible de faire autrement que de retarder l’âge du départ à la retraite, de dégrader le niveau des pensions
La notion de déficit public ne nous convainc pas (quand il s’agit de sauver les banques, les financements sont trouvés) et il s’agit aussi d’équilibrer le partage des richesses (développé plus tard)
Non ce n’est ni aux retraités, ni aux salariés ni aux sans emploi, ni même aux femmes déjà pénalisées de payer la crise une énième fois.
Le COR annonce de 72% du revenu on passerait à 59% en 2050.
Il est nécessaire de garantir la parité du niveau de vie entre actifs-actives et retraité-es.
Les inégalités ne sont pas une fatalité, il est possible d’agir sur les politiques menées en matière de formation, de recherche, d’innovation. Il n’est pas acceptable de vieillir dans la pauvreté, ni dans la précarité
La FSU demande la retraite à 60 ans avec un taux plein à 75% basé sur les 6 derniers mois pour 37,5 ans d’activité, la prise en compte des enfants, des années d’études, de stages, des congés parentaux, l’indexation sur les salaires. Un système de calcul pour les polypensionnés plus favorable (calcul actuel très désavantageux). Des possibilités de départ anticipé et la reconstruction d’une véritable CPA.
Des possibilités de financement autres que de faire payer les salarié-es et les retraité-es existent et permettent de satisfaire ces revendications : la lutte contre la fraude fiscale et sociale, de 60 à 80 Mds, les exonérations des employeurs, la réforme du système fiscal, la relance de l’économie et le retour au plein-emploi. Un meilleur partage des richesses : la part des salaires décroit alors que celle des dividendes a augmenté beaucoup plus vite.. c’est bien d’un choix politique, d’un choix de société dont il s’agit.
La vie militante ne s’arrête pas à la retraite ! Au contraire, les retraités du SNES-FSU participent activement aux mobilisations en cours (protection sociale, dépendance etc) et apportent leurs analyses à des dossiers intergénérationnels.
Contact enretraite@snes.edu