Le 17 novembre et le 1er décembre, deux groupes de 20 retraités du SNES de l’Académie de Créteil avaient rendez-vous pour une visite du musée Picasso à Paris. Situé dans le quartier du Marais, le musée occupe les locaux de l’hôtel Salé, nom donné par le peuple de la capitale pour caractériser cet hôtel particulier construit au XVIIè siècle par Pierre Albert de Fontenay, Fermier Général des Gabelles, avec les profits réalisés par la perception de l’impôt sur le sel.
Près de 300 œuvres et documents de Picasso sont répartis sur 5 niveaux : un bel aperçu sur plus de 70 ans de création. Le parcours se veut résolument pédagogique et chronologique.
Les œuvres de jeunesse montrent l’abandon progressif des coloris vifs (à la manière de Van Gogh), et la montée des tonalités douces de bleu et de rose. Puis, le jeune Picasso commence à déformer les corps… C’est alors le volume (dans ses trois dimensions) qui s’impose. Les collages, les pliages, les reliefs marquent une nouvelle orientation de sa création. Tous les matériaux sont utilisés par le peintre (papier, carton, tissu, toile, bois,…), mais aussi des objets de la vie courante qui font leur apparition dans des compositions surprenantes. Les collages à base de sable réalisés au dos des cadres entoilés illustrent bien cet aspect « touche à tout » de Picasso.
Le cubisme arrive alors. D’abord inspirés par Cézanne et la construction à partir de figures géométriques, Picasso et Braque déconstruisent, décomposent les formes en de multiples facettes rendant la lecture très difficile… mais, l’abstraction n’est jamais complète. Il existe toujours sur la toile une (ou des) référence(s) au réel : une moustache, un morceau de journal, une pipe… on pense alors à cette formule de Picasso : « Ne pas représenter ce que l’on voit, mais ce que l’on sait »
L’une des salles dédiée au poète Guillaume Apollinaire présente plusieurs masques africains faisant écho à quelques tableaux annonçant  « Les Demoiselles d’Avignon » exposé au MoMa à New York.
L’exposition peut aussi se voir comme un magnifique journal intime, une sorte d’album de famille : ses épouses et compagnes successives, ses enfants traversent l’œuvre et sont autant de sources d’inspiration. On trouve par exemple deux portraits d’Olga Khokhlova, sa 1ère épouse, accrochés côte à côte, l’un d’une grande douceur et d’une grande finesse faisant penser à Ingres (Portrait d’Olga dans un fauteuil ), l’autre, massif inspirant la douleur et la violence (Grand nu au fauteuil rouge).
Picasso passe la 2ème guerre mondiale dans son atelier des Grands Augustins à Paris. Sa palette s’assombrit ; les thèmes retenus sont imprégnés d’une grande tristesse, d’une grande noirceur.
La salle consacrée au «  Déjeuner sur l’herbe » présente plusieurs variations inspirées par le tableau de Manet. Là encore, Picasso se livre à une déconstruction, à une destruction, puis à une reconstruction de l’œuvre de son prédécesseur. A chaque version, le regard du peintre change, les supports et les techniques aussi (toile, linoléum, … pastel, huile,…). A cet instant, on pense au philosophe Alain qui écrivait : « Qui n’imite point, n’invente point »
Le parcours s’achève avec une série d’œuvres réalisées au cours des dernières années de la vie de Picasso : ces toiles furent exposées en 1970 au Palais des Papes, à Avignon, puis en 1973, après la mort du peintre. Ces œuvres flamboyantes et crues firent scandale par leur expressionnisme teinté d’érotisme.
Les deux étages supérieurs du musée sont consacrés à un Picasso plus intime : de nombreux documents (coupures de presse, lettres, photographies,…) illustrent les nombreux engagements du peintre en particulier pour la paix et l’amitié entre les peuples.
On peut aussi découvrir des œuvres issues de la collection particulière de Picasso (peintures de Matisse, Cézanne, Renoir, Corot, Courbet,…)

Une bien belle visite qui peut utilement être complétée par l’exposition Picasso-mania au Grand Palais, à Paris.
Jean-Claude CHARLES

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