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Aide à la personne

Sortir de la précarité

Bas salaires, conditions de travail éprouvantes, tel est le lot de plus d’un million de professionnels qui exercent dans le secteur de l’aide et de l’accompagnement des personnes âgées dépendantes en établissements et à domicile.

Plus de 500 000 personnes, travaillent dans les 10 600 établissements d’hébergement pour personnes âgées (dont 7 400 EHPAD) qui proposent 752 000 places d’hébergement. Par ailleurs 380 000 professionnels interviennent dans les services d’aide à domicile.

Témoignage

Ces personnels vivent la précarité au quotidien, à l’exemple de Corine indignée par les conditions de travail des aides à domicile. Temps partiels subis, petits salaires, manque de reconnaissance…

‘J’ai un contrat de 100 heures par mois et ne gagne que 726 euros. Ça ne fait que 7,26 euros par heure. Moins que le SMIC! Comment voulez-vous vivre décemment avec un tel salaire? J’habite seule et j’ai comme tout le monde un loyer, des factures et des assurances à payer. J’ai toujours une facture qui traîne quelque part.

Je travaille en moyenne 25 heures par semaine. Parfois, je bosse huit heures par jour, d’autres fois, trois heures. Le problème, c’est que je commence toujours ma journée à 8 heures ou 9 heures du matin et que je la termine vers 19h15 et même parfois le dimanche. J’ai demandé à ma direction si elle pouvait concentrer mes heures sur une demi-journée. Ça me permettrait de chercher un emploi de complément. C’est vital pour moi. Le responsable des ressources humaines m’a répondu que ce n’était pas possible. Ils font travailler tout le monde à temps partiel. Je ne comprends pas pourquoi. Ils ont proposé de m’ajouter vingt heures de travail par mois mais je n’ai pas eu de nouvelles depuis.

Je me suis inscrite de ma propre initiative, et à mes frais, à une formation pour obtenir un diplôme d’auxiliaire de gériatrie. Ça m’a permis de me qualifier. Manipuler des personnes âgées et malades ne s’invente pas. Grâce à ce diplôme, je devrais être légèrement mieux payée. Mais la direction de l’association m’a répondu qu’elle ne le connaissait pas. Selon elle, il faut un diplôme d’auxiliaire de vie.»

Dans les EHPAD, la situation n’est pas meilleure.

Le vieillissement de la population engendre des besoins croissants en matière de soins et d’accompagnement de la dépendance, tandis que les possibilités de prise en charge par les familles tendent à se réduire.

Près de la moitié des structures d’hébergement pour personnes âgées dépendantes déclarent rencontrer des difficultés de recrutement selon l’enquête de la DREES de juin 2018, entraînant dans 63% des établissements la présence de postes non pourvus depuis 6 mois, – les EHPAD privés étant les plus concernés.

Le secteur connaît une sinistralité « Accidents du Travail – Maladies Professionnelles » préoccupante, en augmentation régulière depuis plusieurs années. La fréquence et la gravité des accidents du travail et des maladies professionnelles sont pratiquement le triple de celles observées pour l’ensemble des activités avec un absentéisme pour maladie largement supérieur.

La précarité, les bas salaires, le manque de formation initiale et continue, la non reconnaissance des diplômes et ou des compétences acquises par l’expérience caractérisent ces professions.

Dans ces conditions, ne nous étonnons pas de constater des taux d’encadrement en EHPAD de 27 soignants pour 100 résidents en France alors que ce taux dépasse les 100 pour 100 dans les pays du nord de l’Europe!

Les réponses du gouvernement se limitent à des formations par l’apprentissage sans remettre en cause les bas salaire et les mauvaises conditions de travail.

La position de la FSU

La FSU se prononce pour des personnels plus nombreux, bien formés, qualifiés, reconnus et mieux rémunérés.

Il s’agit, pour ce faire, de construire une vraie filière de formation des SAP (services à la personne) en formation initiale, en formation continue, par la VAE avec la création de passerelles permettant d’assurer promotion et mobilité professionnelles.

Une formation reconnue en termes de qualification est possible aussi bien au sein de l’éducation nationale et de l’enseignement agricole, que dans l’enseignement supérieur et des centres de formation dépendants du ministère du travail (AFPA, CRP…).

La FSU propose que:

· pour les personnels relevant du droit privé, soit définie, avec l’ensemble des parties concernées, une nouvelle convention collective qui prenne en compte les réalités de l’exercice de leur métier et qui les positionne au niveau IV de qualification

· pour les autres personnels, leur statut relève soit de la fonction publique territoriale (FPT) soit de la fonction publique hospitalière (FPH). Serait créé un cadre statutaire leur ouvrant des droits réels et une possibilité de titularisation dans un des cadres d’emplois existants de la Fonction publique.

· tous les personnels bénéficient de formations qualifiantes permettant la reconnaissance de l’ensemble des métiers de cette filière.

L’élévation de la qualification a évidemment pour conséquence l’élévation du coût du service (augmentation du salaire), ce qui entre en contradiction avec les politiques des financeurs.

En conclusion, les besoins sont énormes et nécessitent un fort engagement public. Le renoncement aux soins pour des raisons financières ou par manque de personnels n’est pas admissible. Il faut aussi être attentif au classement en GIR IV, lieu par excellence de prévention.

La FSU défend la création d’un service public des SAP et plus largement d’un service public à l’autonomie, garant de la carrière et de la promotion des personnels de la filière et d’égalité d’accès pour toutes et tous.

Jean-Bernard SHAKI

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La vie militante ne s’arrête pas à la retraite ! Au contraire, les retraités du SNES-FSU participent activement aux mobilisations en cours (protection sociale, dépendance etc) et apportent leurs analyses à des dossiers intergénérationnels.

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