C’est la question que pose le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dans le 2e volet de son sixième rapport d’évaluation. La guerre en Ukraine a éclipsé l’annonce et le débat, mais l’urgence de la situation nécessite que les citoyen-nes s’en mêlent.

Depuis 2009, des rapports du GIEC de plus en plus alarmants

Avec le rapport de février 20221, l’instance onusienne s’est penchée sur les impacts, les vulnérabilités et l’adaptation à la crise climatique. Ce nouveau rapport du GIEC met en évidence à quel point les impacts du dérèglement climatique sont déjà graves dans le monde entier. Il décline les conséquences présentes et à venir du point de vue de la santé, de la sécurité alimentaire, des pénuries d’eau, des déplacements de population et de la destruction des écosystèmes.

Le réchauffement climatique n’est plus un problème du futur et a des conséquences immédiates

C’est une réalité déjà observée : avec + 1,09 ° C par rapport à l’ère pré-industrielle: nous connaissons déjà des vagues de chaleur de plus en plus intenses et fréquentes et nous sommes témoins de l’augmentation des feux de forêt et des précipitations, de l’élévation du niveau de la mer, de l’acidification des océans.

Les conséquences du changement climatiques sont nombreuses :

  • d’abord sur la santé des plus vulnérables comme les personnes âgées. La canicule de 20032a montré ces vulnérabilités du point de vue physique mais aussi social: la surmortalité s’est manifestée surtout dans les grandes villes où la pollution était extrême et les conditions de logement précaires et où se conjuguent îlots de chaleur et pollution atmosphérique dans « un processus synergique indissociable » ;
  • mais aussi sur les écosystèmes : les animaux, les plantes et les espaces naturels sont concernés, des changements irréversibles se dessinent avec le retrait des glaciers, la fonte du permafrost ou l’acidification des océans.

La question urgente : l’adaptation au réchauffement climatique

L’urgence est aujourd’hui de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre, sans quoi il sera trop tard ! Le rapport indique que « l’adaptation ne peut pas empêcher toutes les pertes et dommages ». Ainsi, une partie des écosystèmes comme les coraux, les forêts tropicales ont atteint des points de non-retour. Certes, il faut noter des progrès, mais le rapport note une adaptation insuffisante face à la situation. Par exemple, suite à la COP 26, les montants alloués sont insuffisants malgré les engagements des pays développés.

Pourtant, certaines expériences d’adaptation donnent des résultats, au niveau de l’agriculture avec une meilleure gestion de l’eau, l’adaptation des cultures aux fortes chaleurs, ou bien en restaurant les forêts ou « végétalisant » les villes. Les auteurs du rapport mettent en garde également aussi contre les « mal adaptations » par exemple sur « le littoral, les digues protègent les personnes et les biens à court terme mais elles dégradent les écosystèmes naturels alors qu’il faudrait privilégier l’implantation de végétaux sur les dunes, solution plus durable et moins chère ».

Des spécialistes du climat français, en écho au rapport du GIEC3 , pensent que la France est peu préparée à faire face à la crise climatique : l’adaptation étant cantonnée à des mesures sectorielles et des actions dispersées sans vision globale. Ainsi avec le plan de relance, le gouvernement a investi dans la rénovation des bâtiments sans intégrer « le confort d’été » permettant de maintenir dans les appartements une température raisonnable sans climatisation .

Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut de l’équité et de la justice sociale et une prise en compte des plus vulnérables

Les auteurs du rapport indiquent qu’une démarche résiliente est possible, mais elle doit être empreinte d’équité et de justice.

Car, comme le dit un représentant de Greenpeace Clément Sénéchal  4 , « ce rapport démontre que les changements climatiques nécessitent une réponse globale et une solidarité sans faille entre les États et les populations. Nous devons de toute urgence changer de modèle de société, (…) non seulement en sortant des énergies fossiles ou en privilégiant une agriculture agroécologique, mais aussi en organisant un partage de l’effort efficace et équitable envers les populations les plus modestes et les plus vulnérables ».

Or, si les pays et les individus les plus pauvres sont les plus vulnérables aux impacts du changement climatique, ce sont à l’inverse les plus riches qui sont majoritairement responsables des émissions de gaz à effet serre dont l’accumulation dans l’atmosphère cause le changement climatique.

Des solutions existent

Greenpeace et Oxfam France révèlent en effet dans une étude récente que le patrimoine financier des 63 milliardaires en France émettent autant de gaz à effet de serre que 50% de la population française ! C’est pourquoi ces deux organisations préconisent de créer un impôt sur la fortune climatique pour que le partage de l’effort à accomplir dans la transition écologique soit équitable.

Il y a donc des moyens d’articuler politiques climatiques et justice sociale mais il faudra les imposer à nos gouvernants.

Des mobilisations intergénérationnelles s’imposent

Les changements climatiques sont bien là et les enfants et les jeunes d’aujourd’hui en subiront les pires conséquences. Ils ont commencé à se mobiliser depuis 2019, révoltés par l’inaction des pouvoirs publics, même si la crise du COVID en a freiné l’ampleur.

Certains ont voulu faire du climat un sujet de lutte intergénérationnelle (Ok boomer !), mais d’autres pensent qu’il s’agit de lutter contre un modèle de société contre lequel leurs parents et grands parents se sont mobilisés y compris depuis les années 70, et continuent à être présents dans les marches pour le climat. C’était le cas le 15 mars et les 19 et 20 mars à l’initiative de « Youth for Climate  France » pour s’opposer à la loi Climat actuelle, parfait exemple de « l’écologie libérale « qui a tourné le dos aux préconisations de la Convention Citoyenne pour le climat dont elle devait s’inspirer .

Dominique Balducci

1 https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/28/climat-le-giec-previent-des-vertigineuses-consequences-d-un-monde-toujours-plus-chaud_6115555_3244.html

2 file:///C:/Users/Dom/Downloads/NSS_181_0054.pdf

3 https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/02/28/la-france-n-est-pas-suffisamment-preparee-aux-consequences-du-changement-climatique_6115550_3244.html

4 https://www.greenpeace.fr/espace-presse/rapport-du-giec-reaction-de-greenpeace-france/

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La vie militante ne s’arrête pas à la retraite ! Au contraire, les retraités du SNES-FSU participent activement aux mobilisations en cours (protection sociale, dépendance etc) et apportent leurs analyses à des dossiers intergénérationnels.

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