SANTÉ

On a pu penser en 2020 que l’expérience de la pandémie de Covid aurait permis au gouvernement et au président de la République de mesurer l’urgence à réformer notre système de santé. Mais les problèmes rencontrés, particulièrement en fin d’année 2022, montrent s’il en était besoin que celui-ci craque aussi bien à l’hôpital qu’en ville.

Les signaux sont alarmants : hôpitaux saturés, fermeture des accueils d’urgence, déserts médicaux et médecins libéraux en grève, ce qui, quoi qu’on en pense, est révélateur de la grave crise rencontrée par le système de soins.

Sur la seule question des déserts médicaux, des études et rapports sans ambiguïté

Pourtant les professionnels et les spécialistes ne cessent de tirer la sonnette d’alarme .

Rien que pour l’année 2022, un rapport sénatorial remis en mars 2022 souligne la nécessité de rétablir l’équité territoriale en matière d’accès aux soins et fait des propositions pour sortir des déserts médicaux.

L’association de consommateurs « Que Choisir » en novembre 2022 *, alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale est discuté au parlement, fait paraître une étude sur la fracture sanitaire et met à disposition des usagers une carte interactive leur permettant de mesurer leur accès aux soins par commune pour 4 catégories de médecins en accès direct (généralistes, ophtalmologues, gynécologues et pédiatres). Celle-ci combine à la fois l’éloignement géographique et les tarifs pratiqués (Sécurité sociale ou avec dépassements).

https://www.quechoisir.org/action-ufc-que-choisir-l-ufc-que-choisir-devoile-la-carte-de-l-intolerable-fracture-sanitaire-les-pouvoirs-publics-vont-ils-engin-agir-pour-la-resorber-n103835/

L’étude montre que la situation est très préoccupante et s’est aggravée depuis 2016 puisque plus 15 millions d’habitants ont des difficultés à accéder à un médecin-généraliste !

Pour ce qui concerne les spécialistes, un quart des femmes et un quart des enfants vivent respectivement dans un désert médical gynécologique et pédiatrique.

Si l’on ajoute le critère financier, la France devient un quasi désert médical. Chacun sait que le frein financier représente la première explication (29% des cas) du renoncement aux soins des patients.

En ville aussi : Contrairement aux idées reçues, les déserts médicaux concernent aussi bien les zones rurales qu’urbaines.

Ainsi en Île de France, théoriquement la région la plus riche de France, 62,4 % de la population vit dans un désert médical alors que la moyenne nationale tourne autour de 30,2%.

Nous savions déjà que la Seine et Marne et la Seine St Denis étaient les départements de l’Île de France les plus sinistrés pour l’accès aux soins avec respectivement pour l’un, la place de 99ème département sur 101 au regard du nombre de médecins généralistes et pour l’autre 92,8 % de la population vivant en zone rouge (ZIP – zone d’intervention prioritaire). Mais aujourd’hui trois arrondissements de Paris et la plupart des villes du Val de Marne sont concernés. Celui ou celle qui en fait l’expérience à partir de la carte interactive de l’association « Que Choisir » pourra le constater (https://www.quechoisir.org/carte-interactive-fracture-sanitaire-n21245/) mais le vérifie aussi hélas dans sa vie quotidienne.

Depuis des années, les syndicats font des propositions précises dans le sens de la mise en place d’un vrai service public associant la médecine de ville et l’hôpital dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire assurant une égalité de traitement de tous les citoyen-nes quel que soit leur lieu de résidence. Ce qui passe par un recrutement massif de personnels médicaux, para-médicaux et administratifs et la création pour lutter contre les déserts de centres de santé avec des médecins salariés par exemple. L’association « Que choisir » fait également des propositions limitant la liberté de l’installation des médecins libéraux.

Les propositions du président Macron le 6 janvier une fois de plus ne sont pas à la hauteur de l’urgence, voire vont dans le sens de l’aggravation des conditions de travail des personnels en remettant en cause les 35 heures !.

Le Service public de santé mérite mieux, comme d’ailleurs celui de l’Éducation, de la Justice…, et on s’interroge, quand on laisse ainsi la situation se dégrader, sur la volonté de ceux qui nous gouvernent d’ouvrir encore plus la porte au privé pour ceux et celles qui pourront payer…

Dominique Balducci

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