SANTÉ

Médecine de ville, hôpitaux publics, imagerie médicale, médicaments, maintien à domicile, prévention : tous les secteurs sont au rouge ou virent dans le noir. C’est l’ensemble du territoire qui est concerné : les constats sont clairs, il est urgent de réformer. C’est tout le système de santé, à commencer par l’accès aux soins, qui est à revoir.

Un accès aux soins de plus en plus difficile

Médecine de ville : Sa raréfaction, pour des causes multiples, se banalise dans la plupart des territoires. Au point que de très nombreux malades concernés par une affection de longue durée sont sans médecin référent, pourtant obligatoire pour déclencher les parcours coordonnés de soins ou de santé. De même, malheur en cas de déménagement, c’est un parcours du combattant pour trouver un médecin référent. Au point qu’on parle couramment de « déserts médicaux », qualificatif d’abord réservé à des zones rurales peu peuplées, mais actuellement un fait observable aussi en zone urbaine, plus particulièrement dans les quartiers socialement en difficulté. Pourtant, autre fait attesté, le pays n’a jamais compté autant de médecins en nombre absolu mais très inégalement répartis, l’héliotropisme n’étant pas le premier facteur explicatif. Il y a la sacro-sainte liberté d’installation à laquelle s’ajoutent les pratiques nouvelles des jeunes générations, pas toutes négatives : refus de l’exercice isolé de la profession ; exercice multisites en appui d’établissements spécialisés ; sortes de free-lance enchaînant les remplacements allant jusqu’à un quasi mercenariat s’apparentant à celui du football professionnel. On voit bien que l’allégement, voire la fin du numerus clausus n’entraînera pas automatiquement la disparition des déserts médicaux.

A côté des médecins généralistes, essentiels parce que de premier recours et tout de même de proximité – en principe -, les spécialistes se raréfient au point d’entraîner une attente de rendez-vous qui se comptent en plusieurs mois. Et la liste s’allonge chaque année : dermatologue, ophtalmologue, gynécologue, psychiatre, pédiatre, plus récemment dentiste… tous largement absents des hôpitaux publics à l’exception d’établissements ultra spécialisés. Enfin, le recours de plus en plus fréquent aux dépassements d’honoraires que ce soit pour des consultations ou des interventions chirurgicales débouche sur une médecine ségrégative.

L’hôpital public connaît une crise profonde : fuite de nombreux professionnels de tous ordres suite à des conditions de travail et de rémunération qui ne sont plus supportées y compris dans les services d’urgence. Le secteur privé, concentré sur les soins programmés et programmables, tire son épingle de ce jeu sinistre.

Imagerie médicale : elle a fait des progrès remarquables et a permis des diagnostics précis et moins intrusifs. La distribution sur les territoires s’est améliorée, les délais d’accès et d’interprétation sont dus actuellement à une pénurie de techniciens et manipulateurs recrutés en nombre insuffisant, la procédure PARCOURSUP ayant aggravé la situation selon les professionnels de santé

Pénurie de médicaments : apparue depuis quelques années, elle s’aggrave et déconcerte. Des traitements basiques ou indispensables disparaissent momentanément ou durablement des officines, conduisant à des rationnements et à des substitutions parfois complexes. La mondialisation de la production, chaotique ces dernières années, et les appétits financiers des grandes firmes qui se sont rendues incontournables sont à l’origine de manques qui confinent parfois au chantage avec l’assurance maladie. La consultation du site de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), de ses rubriques « disponibilité » et « rupture de stock », est édifiante !

Conséquences pour les patients : des retards multiples pour un diagnostic le plus sûr possible et une thérapeutique adaptée sans retard. Mais aussi une contradiction majeure avec une réelle politique de prévention pourtant affirmée et clamée Urbi et Orbi !

Les personnes isolées au domicile, de plus en plus nombreuses avec le choix politique du « maintien à domicile », le sont davantage, isolées. A tous ces facteurs, s’ajoute le fait confirmé d’une plus grande rareté du déplacement au domicile de la médecine de ville et de la crise des services d’aide à domicile par manque de personnels.

C’est tout le système de santé, à commencer par l’accès aux soins, qui est à revoir dans ses pratiques et il est impératif de lui attribuer des moyens fortement augmentés. Sinon, une santé différenciée selon ses moyens, déjà présente, prospérera.

Georges Bouchart

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