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Le confinement en EHPAD

Petit à petit le confinement s’est mis en place : dès le 10 mars, nous n’avions plus le droit de rendre visite à nos parents. Ils/elles continuaient cependant leurs activités, grâce à l’ingéniosité des animatrices qui devaient se démultiplier, puisque toutes les interventions venues de l’extérieur (après-midi chant, conférences, lecture, etc.) étaient interrompues. Le 20 mars tout était mis en place (rendez-vous téléphonique, skype, etc.) pour que le lien familles/résident-e-s soit préservé . En atelier, les résident-e-s réalisaient de grands panneaux saluant leurs enfants ou petits-enfants, voire arrière-petits enfants. Un atelier couture réalisait des masques en tissu pour les soignant-e-s, ils pouvaient encore se retrouver à l’espace restaurant pour un moment convivial. Le 25, et sur recommandation de l’ARS, toute activité en groupe était proscrite ; au restaurant, on espaçait les convives, difficile de communiquer quand on est dur d’oreille. Puis le 26 la mauvaise nouvelle attendue tombait : confinement en chambre pour tout le monde. Jusque là, bon nombre de résident-e-s se montraient résigné-es et fatalistes : après tout, ils/elles en avait connu d’autres !

Alors les personnels redoublent d’inventivité : de loin ils filment les résidents dans leur chambre, en train de tricoter ou de ranger leur linge, ceux-ci nous font des petits signes de la main, nous interpellent, ça va, ça bien ! Mais le cœur y est moins. La grande question : combien de temps ? Combien de temps pour ces personnes à qui il reste si peu de temps : ici nous avons 5 centenaires, dont une dame de 106 ans, et 3 autres vont fêter leurs 100 ans dans l’année. La plupart ont plus de 92 ans. La grand angoisse des soignant-e-s est le syndrome de glissement : se laisser aller, ne plus s’accrocher et finalement lâcher prise, ce qui arrive fatalement en temps normal pourrait s’accélérer pour les personnes les plus fragiles qui n’ont plus de contacts qu’avec des personnels emballés dans des sur-blouses, portant gants et masques et qu’ils peinent du coup à reconnaître. Sans compter la hantise de voir le Coronavirus entrer, malgré toutes les précautions prises, dans l’établissement et l’angoisse de rapporter chez soi le virus et de mettre ainsi sa famille en danger.

Martine STEMPER

Journal de confinement à l’EHPAD « la Chocolatière de Noisiel – 77)

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