Le milieu de l’Éducation est réputé, à juste titre, grand amateur de cultures et de spectacles. La fermeture des lieux culturels a fortement atteint notre public, déstructurant même parfois une partie importante de leur vie. Le SNES, dont le SNES-Retraités, et la FSU ont réagi et soutenu les acteurs, les techniciens, les personnels et les structures qui animent ces lieux.
Un état des lieux en France – mars 2021(1)
La culture a un poids économique non négligeable : 49,2 Mds €. Près de 700 000 personnes travaillent dans ce secteur. À quoi s’ajoutent les 260 000 associations culturelles animées souvent par des bénévoles ou des emplois à temps partiel.
Pour l’année 2020, le secteur culturel et créatif a subi des pertes énormes : – 76 % pour la musique, – 90 % pour le spectacle vivant, soit une « perte » de 28,5 milliards d’euros par rapport à 2019. Dans les arts visuels, 56 % des artistes ont perdu 50 % de leurs revenus.
Pour le spectacle vivant, la baisse des recettes affecte 96 % des structures, à plus de 60 % pour 6 structures sur 10, à plus de 80 % pour 34 % .
La baisse des effectifs [peu d’entre eux sont protégés par des CDI] est forte : – 29 % des permanents, – 73 % des intermittents (68 % sont en recherche d’emplois, sans engagements et 3 % sans chômage…, les primo-entrants se retrouvant non éligibles aux aides). La perte de revenus concerne près des trois-quart (73 %) d’entre eux, malgré les aides.
Métiers spectacle vivant (statistiques 2017) – artistiques : 115 900 emplois dont 90 % de salariés intermittents – techniques : 56 800 emplois dont 11 % en CDI – administratifs : 39 000 dont 41 % en CDI |
Impacts de la crise
La fermeture prolongée des lieux de spectacle a des conséquences sur la conception et la création : c’est le sens même du spectacle vivant sans public qui est atteint. La suite même est obérée. Il est difficile de produire, de créer en prévision de la réouverture : trop de frais préalables sans possibilité certaine de diffusion. Les reports et annulations de quelque 300 festivals ont des conséquences sur le long terme.
Au-delà des problèmes financiers, la crise a un fort impact psychologique et physique : la moitié se disent épuisés et découragés, isolés, sans visibilité pour la reprise et sans engagement pour 2021. Et ils sont nombreux à envisager une reconversion professionnelle vers d’autres secteurs. Par ailleurs, le manque d’entraînement et l’amoindrissement des capacités physiques augmentent le risque d’accidents, de baisse de performances et de compétences. La distanciation physique, le port du masque sont souvent incompatibles avec les pratiques artistiques du théâtre, du chant…
Et plane aussi la peur de l’évolution de la demande du public dans la création, de concurrence accrue, d’évolution des métiers, de perte d’un public »fragile » ou démobilisé, de manque de touristes…
Stratégies palliatives
Dans leur volonté de continuer, les structures, les compagnies ont innové comme en témoigne le hashtag #onresteouvert. Le fait en particulier que l’école ait fonctionné a permis de garder une activité :
- projets hors du cadre habituel : petites jauges, à l’extérieur, chez l’habitant, en milieu scolaire/pénitentiaire, dans les centres sociaux…
- activités pour diffusion numérique, en streaming, podcasts, capsules, mises sur réseaux sociaux ;
- actions d’enseignement…
Résistance
La nécessité de se retrouver, de faire vivre les lieux de culture a conduit à l’occupation d’une centaine de théâtres et de salles de spectacle. Nombre de structures soutiennent la mobilisation nationale du secteur du spectacle vivant pour demander un calendrier de réouverture des lieux culturels, la prolongation de l’année blanche pour les intermittents ainsi que la création de droits sociaux pour les professions les plus précaires. Beaucoup de professionnels ont manifesté, réagi dans les médias, parfois bravé les interdictions. Beaucoup se sont formés, pour de nouvelles compétences, de nouvelles pratiques, élargissant leur champ d’activité. L’enquête de la commission paritaire nationale emploi formation-spectacle vivant (CPNEF-SV) signale de façon significative que « de nombreux professionnels ont adhéré à un syndicat pendant la crise, pour défendre leurs droits et se tenir informés ».
Échaudé, désabusé et en colère après les multiples reports et prolongations des fermetures, le public – nos adhérents – attend et exige des pouvoirs publics un soutien à la hauteur de ce que représente la culture. Comme le souligne l’UNESCO, il est primordial de placer la culture au cœur du développement comme moyen d’accéder à une existence intellectuelle, affective, morale et spirituelle satisfaisante : la culture est un atout pour la cohésion sociale.
Michelle Olivain
(1) Selon le rapport intermédiaire de plusieurs organismes, dont le CPNEF-SV
https://www.cpnefsv.org/sites/default/files/public/pdf/D-Donnees-statistiques/covid/Diagnostic
et une étude européenne EY
https://www.adagp.fr/fr/actualites/etude-ey-
https://www.adagp.fr/sites/default/files/rebuilding_europe_ey_gesac_synthese.pdf
La vie militante ne s’arrête pas à la retraite ! Au contraire, les retraités du SNES-FSU participent activement aux mobilisations en cours (protection sociale, dépendance etc) et apportent leurs analyses à des dossiers intergénérationnels.
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