On meurt aussi dans les EHPAD,

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On meurt aussi dans

les EHPAD, sans bruit.

« Moi j’ai été privée de jeunesse avec la guerre, alors je ne vais pas me laisser piquer ma vieillesse par un virus », s’écrit une résidente à l’Ehpad des Quatre Saisons à Bagnolet (le Monde du 1er avril 2020, Florence Aubenas). La situation est explosive dans ce secteur en ce temps de virus mortel.

De nombreuses alertes avant la crise sanitaire.

La crise dans les EHPAD, et plus largement dans le secteur de l’aide à domicile, ne date pas d’hier : les forces syndicales dans l’unité, le groupe des 9 organisations de retraité-e-s, ont alerté les pouvoirs publics par des initiatives diverses. Les médias ont relayé la situation catastrophique des personnels, des personnes concernées et de leurs familles. Depuis plus de deux ans, les personnels exigent, notamment, un soignant pour un patient. En vain. Les mesures ont été cosmétiques et la « loi grand âge et autonomie », de report en report, se fait attendre.

Une catastrophe à venir

La crise sanitaire actuelle atteint dramatiquement toute la population mais elle frappe de plein fouet le secteur des EHPAD et de l’aide à domicile. Patrick Pelloux, urgentiste, redoute 100 000 morts en Ehpad. Quelle est la situation à l’heure actuelle ? Difficile à dire puisque les EHPAD ont, dans un premier temps, eu l’ordre de ne pas faire remonter le nombre de victimes. Actuellement, les informations remontent ici ou là et on observe la même impréparation des pouvoirs publics dans la gestion globale de De plu,la crise et les conséquences d’une politique d’austérité criminelle, avec un écho plus important chez les populations plus fragiles et une situation encore plus explosive. « Les EHPAD, leurs professionnels et les résidents sont en première ligne et particulièrement touchés », déclare l’ARS du Grand Est. Sur les 138 EHPAD du département du Bas-Rhin, 71 sont touchés, soit 400 soignants sur les 7000 salariés de ces établissements, et 71 résidents (sur 9000) sont morts à la date du 31 mars.

Pourtant, les « gestes barrière » et la suspension des visites des familles ont été mis en place rapidement. Mais l’absence de tests à grande échelle et de moyens de protection a des conséquences tragiques. Plus qu’en temps normal, où le manque est déjà catastrophique, les personnels soignants – parfois des contractuels tant les problèmes de recrutement sont alarmants – sont submergés et tentent de sauver des résidents confinés dans leur chambre dans des conditions très difficiles. Laissées pour compte les personnes âgées : tel est le constat que l’on peut faire. Ainsi le groupe des 9 de Savoie explique que des patients âgés qui ne peuvent rester chez eux et qui ne sont pas admis à l’hôpital sont transférés vers les EHPAD. Florence Aubenas rapporte la parole du directeur d’Ehpad des Quatre Saisons : « pas de masques mais des housses mortuaires ». Tout est dit.

Isolement dramatique

L’isolement est un problème majeur et touche durement toute la population, notamment les personnes déjà isolées. On considère ainsi que 900 000 personnes, en situation « normale », ont un ou deux contacts par semaine et 300 000 aucun. On peut ainsi parler de mort sociale. Alors, en personne de confinement, les problèmes s’exacerbent. En EHPAD, les conséquences sont également dramatiques quand on connait l’importance des animations, des interventions pour maintenir le potentiel cognitif, les marques d’affection envers des personnes qui les attendent. Dans ce contexte, saluons les personnels qui développent des initiatives pour continuer d’assurer ce lien et leur abnégation, leur dévouement sont exceptionnels malgré épuisement et peur.

Alors oui, la responsabilité de ce gouvernement et de ceux qui l’ont précédé est énorme. Les retraité-e-s, leurs organisations, sont descendu-e-s plus de seize fois dans la rue. Leurs revendications sont plus que jamais d’actualité ! Face aux milliers de morts, Monsieur Macron va-t-il entendre et répondre aux urgences ?

Marylène Cahouet

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