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PLACE DES RETRAITÉ-E-S DANS LA SOCIÉTÉ

texte_2_300_200.jpgLes mouvements sociaux en France, en Europe, mettent en lumière les revendications des retraité-e-s comme détenteurs de droits.

L’image dévalorisée du retraité est prégnante dans la société et trop de vocables péjoratifs le soulignent. Le mot retraité est significatif : une fois terminée la vie active on est en retrait du travail. L’espagnol lui désigne ce temps de la vie par « jubilation » ! Deux conceptions opposées pour désigner la retraite : en marge de la société ou période d’émancipation, de temps enfin libéré dont on peut jouir à sa guise. Emmanuel Macron s’engouffre délibérément dans la première acception (mais il n’est pas le seul, c’est un stéréotype qui a particulièrement la vie dure).

Pour le président, le retraité ne produit rien, est un fardeau pour la société, notamment pour les jeunes qui, dit-il, financent les retraites des « vieux » et ont droit, à ce titre, à juste compensation. Ainsi est martelé le dogme :

– il faut valoriser le travail

– ceux qui ne travaillent pas ne méritent pas de recueillir les fruits du ruissellement.

Pour le Président, les retraités sont des citoyens de seconde zone, des assistés.

Macron, une fois de plus, dans sa lettre de janvier 2018, le redit : « Les actifs paient les retraités » et il justifie l’augmentation de la CSG pour donner du pouvoir d’achat aux actifs.

Cette conception est confirmée dans le quotidien et le vocabulaire institutionnel. On assiste à la disparition systématique du mot Retraité en faveur du mot Personne Âgée dans les textes officiels. Les CODERPA sont remplacés par les CDCA et le R de retraité a disparu.

Comme chez ses prédécesseurs, le discours gouvernemental nie le sens profond du mot retraite et sa spécificité. La vieillesse est un phénomène biologique auquel nul n’échappe, la retraite est un droit acquis par le travailleur. Ce droit est fondé sur la solidarité intergénérationnelle qui repose sur un système solidaire de répartition ; les retraités d’aujourd’hui ont payé des cotisations et participé à la création des richesses. Leurs cotisations ont financé les retraites de la génération précédente. Notre système de retraite fonctionne sur une double solidarité : générationnelle et intra générationnelle.

Nous avons dénoncé le passage de l’indexation sur les salaires à l’indexation sur les prix : c’était faire oublier le lien avec le travail et la notion de traitement continué, en vigueur auparavant.

Legendre (1) et Dussopt (2) , quand nous parlons revendication de revalorisation en nous référant au dispositif légal (revalorisation sur l’inflation : 1,7 en 2018), répondent 0,3 %, rappelant sans cesse l’augmentation du minimum vieillesse. Ce que le gouvernement martèle, c’est que la retraite n’est pas un droit mais une allocation sociale. Or les retraités ne sont pas des assistés.

La retraite est un droit

Les retraités n’ont pas à justifier de ce temps libéré. Il n’est pourtant pas inutile de rappeler le rôle indéniable qu’ils jouent dans la société: solidarité et transmission entre générations, bénévolat associatif – y compris auprès des réfugiés -, politiques (notamment dans les communes)… L’aide envers enfants, petits-enfants, parents est très importante, palliant aussi les carences de l’État (accueil de la petite enfance, prise en charge de la perte d’autonomie par exemple). Ils oeuvrent, autant que faire se peut, à leur épanouissement personnel (culture, loisirs, sports…).

Non, la retraite n’est pas une mort sociale mais une promesse. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour tous les retraités, les inégalités de la vie professionnelle perdurent voire s’aggravent à la retraite. Beaucoup sont installés dans une logique de survie. La menace de perdre son autonomie, sa capacité à aider ses enfants, est de plus en plus ressentie dans les classes moyennes. La paupérisation des retraités est, d’ailleurs, en marche. L’espérance de vie en bonne santé diminue, l’accès aux soins est de plus en plus difficile sans parler des services publics de proximité qui disparaissent peu à peu.

La situation actuelle est compliquée, la crise sociale profonde mais les mobilisations, notamment depuis l’irruption des Gilets jaunes, sont nombreuses et parfois unitaires. Il faut saluer l’engagement des jeunes et le retour en force des femmes sur la place publique. Émerge un mouvement social durable des retraités en France et en Europe.

La retraite est un choix de société, la place accordée aux retraités aussi.
Nous luttons pour une société pour tous les âges, ce qui suppose de mener des politiques publiques pour les trois temps de la vie, formation, vie professionnelle et retraite, fondées sur le principe de la solidarité intergénérationnelle. Il est important de rappeler que ce troisième temps de la vie doit permettre de bien vivre pendant la retraite (« la jubilation »), ce qui suppose une pension correcte et aussi une vie active et professionnelle épanouie. Et dans ce domaine, bien des choses restent à faire pour abolir les inégalités.

Marylène Cahouet

-1 Président du groupe LREM à l’Assemblée
-2 Secrétaire d’État à la Fonction publique

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