Le compte n’y est toujours pas !
5,3% au 1er janvier 2024 certes, mais les pensions ont subi une baisse de pouvoir d’achat de 9,1% au 31 décembre 2023 par rapport au début 2017, année de l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. L’équivalent des pertes cumulées s’élevait alors à 2,8 mois de pension.
En 2024, le gouvernement persiste dans une politique antisociale et refuse de taxer les hauts revenus. Des hausses importantes interviennent: les tarifs de l’électricité, du gaz, les franchises médicales, les complémentaires santé… Le blocage des pensions est envisagé pour réaliser des économies dans le budget de l’État.
1 . Rappel d’un certain nombre de décisions prises depuis l’élection d’E. Macron en 2017
– La désindexation partielle des pensions sur l’inflation par le décret L 161-25 du code de la Sécurité Sociale a entraîné une sous revalorisation régulière des pensions. – Toutes les revalorisations se font avec retard, celle du 1er janvier 2024 n’est qu’un rattrapage au titre de l’année 2023. Pour l’année en cours, rien n’est prévu, il faudra attendre au mieux le 1er janvier 2025 sous réserve que les pensions ne soient pas bloquées.
– La hausse de 25% de la CSG sur les pensions en 2018 a eu des incidences désastreuses pour nombre de retraité·es.
– La loi « grand âge » sur la perte d’autonomie, promise depuis 2018, est sans cesse repoussée faute de financements pour aboutir finalement à l’abandon du projet de loi sur le vieillissement.
– L’accès à la santé et aux soins affecté par une dégradation constante et programmée de l’hôpital public (Loi de Finances de la Sécurité sociale) s’aggrave.
– Le démantèlement des services publics se traduit par l’abandon de pans entiers du territoire.
– La remise en cause des droits sociaux dérivés pour la retraite, tels que la pension de réversion, est à l’ordre du jour.
– La réforme de 2023 ampute de deux années la durée de retraite sans améliorer le montant des pensions.
2 . En consultant la représentation graphique publiée par le Groupe des 9
Au 31 décembre 2023 par rapport à 2017, l’indice des prix a progressé de 17% (sans tenir compte des dépenses contraintes telles que frais médicaux non remboursés, mutuelles + 10%, franchises médicales). Par contre les pensions n’ont augmenté que de 7,9% soit une baisse de pouvoir d’achat de 9,1%
Et la somme des pertes pendant les 84 mois de cette période équivaut à 2,8 mois de pension
Pire pour les personnes en retraite ayant subi la hausse de la CSG de 25% en 2018, les pertes s’élèvent à 11% de pouvoir d’achat et 4 mois de pension.
3 . Ce n’est pas terminé pour 2024 et la suite
– hausse continue des prix de l’énergie: 10% sur l’électricité au 1er février,
– doublement de la taxe intérieure sur le gaz et l’électricité (les tarifs gaz et électricité ont doublé depuis 2008), – doublement des franchises médicales sur les consultations et les médicaments au 31 mars,
– augmentations de 10% des cotisations complémentaires santé pour chacune des 4 années à venir ( soit + 46,5% en 2027 par rapport à 2023). Le Conseil d’Orientation des Retraites prévoit une baisse considérable du niveau de vie moyen des retraités par rapport à celui de l’ensemble de la population, il chuterait de 101,5% actuellement à une valeur comprise entre 75,5% et 87,2 à l’horizon 2070.Et l’exécutif a prévenu début mars, qu’il faudrait économiser au moins 20 milliards d’euros en 2025. Le Ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, envisage d’autres «économies supplémentaires» nécessaires dès 2024, en plus des 10 milliards d’euros de coupes déjà actées en février.
4 . Et en France depuis 2017, des interrogations, un constat
Comment expliquer une augmentation de 42 % des produits frais sur les deux dernières années et constater une baisse de 10 % du revenu des agriculteurs ?
Comment expliquer en 2023 une augmentation de 13 % des profits versés aux actionnaires et constater une croissance d’à peine 1 % ?
Comment expliquer 10 milliards d’euros supplémentaires « d’économies » et constater la suppression de 10 milliards d’euros d’impôts dits de production auprès des entreprises ? Selon la DREES, le nombre de retraité·es ayant touché le minimum vieillesse est passé de 560 000 à 700 000 incluant une augmentation de 67 000 en 2022. Selon Oxfam, le nombre de milliardaires a été multiplié par trois et leur fortune par quatre. Les quatre milliardaires français les plus riches et leurs familles ont vu leur fortune augmenter de 87% depuis 2020. Dans le même temps, la richesse cumulée de 90 % de la population a baissé. Sur cette même période, les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d’euros, ce qui permettrait de faire un chèque de 3 400 euros pour chaque Français.
5 . Nos revendications dans le Groupe des 9
Nous exigeons:
– une hausse immédiate des pensions de 10 %,
– un rattrapage des pertes cumulées soit l’équivalent de 3 mois de pension,
– l’annulation de la hausse de la CSG,
– l’indexation des pensions sur l’évolution du salaire moyen, – une pension minimale au SMIC.
6 . Perspectives
– Il faut revenir à une revalorisation anticipée (situation d’avant 2014) basée sur les prévisions avec mises à niveau régulières
– contrairement à la règle actuelle calculée avec retard et sous-évaluée.
– Pour estimer la perte de pouvoir d’achat, il serait plus pertinent d’utiliser d’autres indicateurs tels que l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) où seule la part à la charge du consommateur (après remboursement par exemple pour les frais médicaux) est prise en compte.
Mois | août | sept | oct | nov | déc | janvier | février | mars |
IPC (en %) | 4,9 | 4,9 | 4 | 3,5 | 3,7 | 3,1 | 3 | 2,3 |
IPCH (en %) | 5,7 | 5,7 | 4,5 | 3,8 | 4,1 | 3,4 | 3,2 | 2,4 |
Claude Courivaud
La vie militante ne s’arrête pas à la retraite ! Au contraire, les retraités du SNES-FSU participent activement aux mobilisations en cours (protection sociale, dépendance etc) et apportent leurs analyses à des dossiers intergénérationnels.
Contact enretraite@snes.edu